Enzo B. faisait l’objet d’un mandat d’arrêt. Condamné pour des violences sur conjoint, une extorsion et un vol aggravé, il devait purger trente mois de prison. Après avoir effectué une partie de sa peine derrière les barreaux, il avait bénéficié d’un aménagement sous forme de bracelet électronique. Sauf que depuis plusieurs mois, il avait choisi de se défaire de ce fil à la patte. Du point de vue de la loi, il était considéré comme évadé et donc recherché à ce titre. Voilà pour le contexte.

Il est un peu moins de 19 h, jeudi, lorsqu’un équipage de la brigade anticriminalité aperçoit cet homme de 22 ans, rue du Général-Leclerc, à Sochaux. Les hommes de la BAC se positionnent pour l’interpeller. C’est là que la situation dérape. Marche arrière du conducteur de la Peugeot 206. Il percute un policier qui bascule sous le véhicule. Nouvelle manœuvre. Marche avant cette fois. Coincé sous la voiture, le fonctionnaire est traîné sur une dizaine de mètres. « Heureusement que ses deux collègues ont fait preuve d’un professionnalisme hors du commun », salue Christophe Dallongeville, secrétaire départemental du syndicat Alliance Police. L’un d’eux sort son arme et tire à trois reprises. Touché à la hanche, Enzo B. est neutralisé.

« Une haine anti-flic »

Il convient alors de porter assistance au policier blessé, un brigadier-chef. Touché à la tête, souffrant de fractures au poignet, aux côtes et à une omoplate, cet homme de 46 ans a été transporté à l’hôpital de Trévenans. Si ses jours ne sont pas en danger, il demeure profondément marqué. Comme ses collègues. « C’est quand même la deuxième fois qu’un policier est ainsi visé en peu de temps », relève le major Dallongeville, rappelant l’épisode du 4 août dernier à Audincourt quand une policière avait été renversée par un chauffard. Le syndicaliste dénonce « une haine anti-flic attisée par certains syndicats et par des partis politiques ». Une haine qui s’est encore traduite jeudi soir. Alors que les secours s’activaient sur les victimes, des jets d’œufs et le mot « assassins » pleuvaient sur eux.

Ce vendredi, le conducteur de la Peugeot a été opéré de sa blessure à la hanche, à Trévenans également, ce qui ne l’a pas exonéré d’un placement en garde à vue, ce vendredi à 13 h 45. L’ouverture d’une information judiciaire est envisagée à son encontre, pour tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique.